Horizon #9, 2019

Tirage à l’agrandisseur sur papier RC d’aprés négatif 4x5 inch

118 x 94 cm

Édition 3 + 1EA

 

 

 

Horizons, études couleur #1, 2015

9 films à développement instantané

39,3x30,3 cm

Édition unique

 

 

 

Paysages immobiles #4, 2018

Composition de 3 ferrotypes

67 x 52 x 3,5 cm

Édition unique

 

 

 

Paysages immobiles #2, 2018

Composition de 3 ferrotypes

67 x 52 x 3,5 cm

Édition unique

 

 

 

Horizon #17, 2015

Tirage à l’agrandisseur sur papier RC d’aprés négatif 4x5 inch

40 x 30 cm

Édition 5 + 2EA

 

 

Horizon #4, 2019

Tirage à l’agrandisseur sur papier RC d’aprés négatif 4x5 inch

118 x 94 cm

Édition 3 + 1EA

 

 

Horizons, études couleur #4, 2015

9 films à développement instantané

39,3x30,3 cm

Édition unique

 

 

 

Horizon #1, 2019

Tirage à l’agrandisseur sur papier RC d’aprés négatif 4x5 inch

118 x 94 cm

Édition 3 + 1EA

 

 

Horizon, étude noir et blanc #13, 2015

Composition de 15 Polaroid

61 x 76 cm

Édition unique

 

 

 

Horizon #4, 2019

Tirage à l’agrandisseur sur papier RC d’aprés négatif 4x5 inch

118 x 94 cm

Édition 3 + 1EA

 

Le crépuscule infini

 

Cette installation photographique constitue une oeuvre totale. Elle forme le dépassement des contingences techniques et exprime au-delà de l’image le sentiment de la vision pure, elle constitue enfin le chant optique qui conjure la fin de l’Histoire.

 

Cet immense tirage couleur, inédit dans l’histoire contemporaine des procédés photochimiques artistiques, transforme la chromie du papier photosensible en une substance imageante. Elle est une présence perçue, une matière étirée en horizon. L’oeuvre a été réalisée avec probablement

les deux derniers rouleaux de papier Kodak de ce format existant encore dans le monde. Elle ne sera plus jamais réalisable dans les mêmes conditions, elle est unique et définitive. Elle est l’ultime sursaut d’une technologie du XXe siècle. L’oeuvre est devenue une relique précieuse : elle est ainsi inaugurale (inédite) et testamentaire. Sa valeur infinie est née de ce cycle qui enroule l’histoire de l’art sur elle-même, indifférente au progrès, elle abolit le temps car elle témoigne de la possibilité des retours. On pourrait qualifier cette oeuvre de « néo-analogique ».

 

Thomas Paquet travaille depuis des années les formes et les substances de l’horizon. Ses photographies ne sont pas des prises de vue du réel, mais l’expérimentation des qualités photosensibles des chimies photographiques. Tout est dans « le photographique », conçu comme un monde en soi, de lumières, de couleurs, de substances et d’imaginaires. Le papier a été insolé par un ruban de leds programmées selon un rythme précis pour obtenir des nuances qu’aucune autre technologie ne peut fournir. Comme un savant alchimiste, Thomas Paquet a construit son système, il s’est entouré des meilleurs techniciens, en informatique comme en laboratoire argentique. Il a trouvé au studio du Fresnoy l’une des dernières développeuses couleur de ce format. Le tireur Diamantino Quintas a permis la réalisation d’une opération acrobatique, dans le noir, qui a consisté à « passer » d’immenses lés de papier dans la machine au rythme des projections lumineuses du dispositif programmé par Benjamin Sonntag, greffé en avant de la développeuse. Rien ici n’est high-tech, tout le processus a été imaginé sur le mode d’un fab-lab pour répondre à une commande d’exception : des tirages de plus de 10 mètres analogiques couleur qu’il a fallu ensuite rigidifier tout en conservant la souplesse nécessaire pour épouser la courbe de la salle ovale de la Fondazione Valentino Garavani e Giancarlo Giammetti. Et cela grâce à un contrecollage de surface (Diasec) réalisé par le meilleur atelier de Paris (Atelier Image Collée), suivant en cela l’intuition du galeriste Thierry Bigaignon.

À certains égards, la production de l’oeuvre est un véritable cas d’école.

 

En peinture comme en teinture, le rouge a été la première couleur que l’homme ait maîtrisée. Elle est le début de la couleur, elle est aussi la couleur des révolutions, au sens propre du terme : la couleur de ce qui revient à son point d’origine. Le crépuscule est l’instant étiré qui achève la course du soleil et réchauffe déjà les lueurs de l’aube. L’histoire de la photographie est exactement à ce point : les créations les plus contemporaines enchantent l’obsolescence des

techniques. Ce magnum opus de Thomas Paquet ne peut être comparé qu’à ce qui serait une lamelle monumentale de la pierre philosophale. Elle a le mystère d’un récit épique et inspire une paix contemplative.

 

La référence à la salle du musée de l’Orangerie, qui accueille les derniers Nymphéas de Monet, vient à l’esprit : dans la courbe foetale d’un temple de l’art, le regard sensible suit les courbes d’un cycle qui ignore l’idée de fin et de début. L’Horizon rouge de Thomas Paquet est

uncrépuscule infini. Il manifeste l’immortalité du rouge, sa saveur haptique offre à notre oeil une surface de velours. C’est un tapis volant soudain métamorphosé en peinture murale. Comment ne paspenser au rouge des fresques de la villa des Mystères à Pompéi, devant l’écrin que l’oeuvre procure aux robes mythiques de Valentino surnommé l’Empereur du rouge ?

 

 

Michel Poivert

 

Texte écrit pour l’exposition « Orizzonti Rosso » 25 mai - 30 sept 2025

Fondazione Valentino Garavani et Giancarlo Giammetti - Rome, Italie

 

 

 

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